Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents
LA FRANCE DE L'ENCYCLOPÉDIE 45
main. » Le despotisme éclairé sera le type de gouvernement auquel s'attachera l'âme républicaine de Catherine. Elle n’en acceptera pas d'autre. Aussi garderat-elle toujours l'empreinte de Voltaire, et, quand éclatera la tourmente révolutionnaire. se refusera-t-elle à admettre qu'il soit pour quelque chose dans l’avènement de « lhydre aux 1200 têtes. » Un jour elle enlèvera de ses galeries de l'Ermitage le buste du grand homme, comme elle l’a fait de tant d'autres, — mais elle estime que, s’il vivait encore, il serait le premier à désayouer la Révolution. Elle ne l’a pas toujours approfondi ni compris. Si, d’ailleurs, elle ne le répudie pas, c’est qu’elle sent combien à son contact s'est façonné son esprit. Les idées d'humanité dont il a été léloquent avocat n'ont pas de plus chaud défenseur qu'elle, et elle lui doit une bonne part de ses plus nobles et de ses plus généreuses inspirations. C’est de lui qu’elle s’inspirera quand, en 1766, elle dira : « Il n'y a pas de cas où l’humanilé souffre. »
L’âme de Catherine Il s'était donc formée dans la lecture des œuvres les mieux faites pour lui donner la haine des injustices sociales et pour tremper la virilité de son caractère.
Et croit-on que les exemples qu'elle eut sous les yeux pendant son stage de grande-duchesse ne furent pas de nature à l’initier à bien des choses qu’elle apprit ainsi à condamner, et à lui faire souhaiter un changement dans la vie des peuples — comme dans celle des grandesduchesses ? — Quel est son entourage et à quelles intrigues ne se livre-t-il pas? L’impératrice Élisabeth, qui