Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents
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sophes, entend par la souveraineté des peuples? Quel que soit le temps qu’elle consaëre à cette lecture, elle parcourt assez le livre pour y voir « que les rois sont de grands fripons. » Elle se le rappellera quand elle dira de l'empereur Léopold : «S'il trompe, je l'en félicite ; s’il ne trompe pas, je le plains. » Et nous savons que Catherine s’arrangea pour n’être jamais trompée.
Elle apprend si bien Montesquieu que dans quelques années elle le pillera pour son Instruction pour le Code. Nous savons qu’elle ne tarira pas d'éloges sur lui.
Elle se nourrit aussi de Plutarque, se promettant de prendre pour guide les hommes illustres dont elle étudie la vie. Molière a toutes ses sympathies ; elle le retient, et le cite à toute sauce. Dans Péréfix elle apprend à aimer Henri IV. Henri IV estle roi de son cœur. Henri IV a été un roi populaire. Elle veut s'efforcer de gagner comme lui les faveurs du peuple. Son admiration pour Henri IV ne faiblira jamais. C’est lui qu’elle offrira en exemple au comte d'Artois et aux Émigrés. Il n’est pas jusqu'aux défauts du roi galant dont elle ne cherchera à s'inspirer. Elle en arrivera à changer de favoris plus souvent qu'il ne changeait de maitresses. Il est vrai que pour cette besogne elle n’a pas besoin de forcer son tempérament.
Mais c’est surtout l'influence de Voltaire qu'ellesubit. Elle s'est éclairée à ses ouvrages.Elle reconnait le maitre, et il sera son maitre. C’est dans Voltaire qu'elle trouve la formule du gouvernement supérieur à tous les autres. Un souverain doit se laisser guider par la raison et accomplir le rève d'un gouvernement c juste » ef « hu-