Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...
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suis impatiente de vous voir tiré d’un endroit où l’on vous connaît si mal et où l’on ne porte pas seulement à la vieillesse le respect que même les nations sauvages ne lui refusent pas... Adieu, monsieur, ne vous livrez pas aux idées sombres, reprenez courage ; celui qui a construit l'univers n’abandonne pas un de ses plus zélés admirateurs. Je vous salue bien cordiale-
ment. « T.-V. BALTHASAR. »
Heureusement que ces sévices n’eurent pas les suites graves qu’ils auraient pu avoir, à l’âge avancé de Butré. A la réception de la missive de Me de Balthasar, accompagnée, comme d’ordinaire, d’une livre de chocolat surfin, il put répondre immédiatement qu’il était à peu près rétabli. Puis il la remerciait de son envoi et en général de toutes ses bontés à son égard. Nous voyons reparaître, dans sa lettre, le regret de ne pas vivre en Espagne « où le clergé, quoique nombreux, n’a aucune influence ». Puis il ajoute, énonçant une opinion plus répandue alors qu’on ne pense :
« Le Concordat nous remet entièrement sous la domination du sacerdoce. Il est étonnant que Bonaparte, avec une si bonne tête, se soit laissé circonscrire d’une telle façon par le pontife romain, qu'il pouvait réduire dans son territoire, et qu’il s'amuse à donner des chapeaux de cardinal et autres misères sacerdotales. Je fais ces dernières réflexions dans votre oreille et ne voudrais en parler à personne qu’à vous. Votre belle âme est la seule qui touche entièrement la mienne par tous les points. Votre amour de bienfaisance générale et de fraternité universelle sont des sentiments qui ont toujours dirigé mes travaux. Je voudrais pouvoir vous en donner tous les témoignages et vous prouver par là mon plus parfait attachement. »
Cette aventure avait fini par le dégoûter de la villégiature : il voulait se défaire à tout prix de son domaine de Haslach et