Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

86 LA RÉFORME POLITIQUE ET ADMINISTRATIVE

Devant une semblable attitude, voisine de la rébellion, le gouverneur n'avait, comme il le dit, qu'à recourir aux baïonnettes, et ilse disposait à le faire au moment où il envoyait sa dépêche.

Telles étaient les nouvelles qui vinrent émouvoir l’Assemblée nationale en mars 1790, et qui la portèrent à changer de tactique à l'égard des colonies. Jusqu'alors, gènée sans doute par la difficulté de concilier Le droit nouveau avec l’ancien dans un milieu mal connu, occupée à réformer la France intérieure, elle avait résisté à toutes les sollicitations qui lui furent faites de changer la législation coloniale. Le ministre, les Amis des Noirs, les mulâtres, les affranchis, les députés extraordinaires du commerce, les villes maritimes, comme Bordeaux et Le Havre, avaient tour à tour adressé des mises en demeure, des requêtes, des pétitions, pour obtenir les décisions attendues. On n'y avait pas répondu autrement que par quelques paroles plus ou moins vagues du président ?. Mais voilà que la révolution tend à se faire toute seule aux colonies, avec tout le désordre dans les faits et dans les idées qu'on pouvait attendre d’une population si disparate et si éloignée du foyer intellectuel de la métropole; et cette révolution spontanée menace de détruire une des sources vives de la richesse nationale. La nécessité d’ordonner les colonies, comme vient de l'être la France, frappa alors tous les esprits. Il restait à choisir le mode

4. Arch. parlem., XII, 2-13; Proc.-verb., n° 217, p. 3-5, & XIV. 2. Arch. parlem., IX, 416, 592, 705 ; XI, 105, 699, etc.