Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

LES ÉVÉNEMENTS 85

les représentants du commerce métropolitain protestèrent contre la violation de l’exelusif. Le conflit ne tarda pas à devenir aigu.

Il le fut davantage encore à Saint-Domingue. Avant que fût promulguée l'ordonnance de convocation, promise par le ministre aux colons de France etannoncée par eux, des assemblées avaient été élues dans les districts. L'assemblée de la province du Nord, à peine réunie, accuse le gouverneur de cacher l'ordre de convocation et intercepte les dépèches ministérielles. Le gouverneur de Peynier ! se décide enfin à promulguer l’ordonnance et fixe le lieu de réunion de l'Assemblée générale à Léogane, dans le district de Port-auPrince. Ge choix incite l’Assemblée de la province du Nord à persister dans sa résistance. Le 13 novembre, elle s’attribue le pouvoir législatif et exécutif. Coup sur coup, elle abolit les taxes, nomme un receveur, faitemploi des fonds, procède à un dénombrement pour établir le service des milices, emprisonne un nommé Dubois, qui a osé parler de l’affranchissement des noirs, casse le Conseil supérieur, qui a refusé de se laisser réduire aux fonctions judiciaires et qui a frappé de nullité l'emprisonnement de Dubois, en nomme un autre, force de Peynier à faire prêter, le 13 janvier 1790, le serment civique aux troupes de terre et de mer, nomme son président, Bacon de la Chevalerie, capitaine général des troupes nationales.

1. Successeur de du Chilleau, officier général de la Marine, avait commandé un vaisseau dans l’escadre du baïilli de Suffren.