Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

150 LA RÉFORME COMMERCIALE

une prime de 3 livres par quintal de morue sèche et de 6 livres par baril de hareng était donnée à l'exportation des pêcheries soit en Europe, soit dans les colonies. Mais ce n’était pas assez; il fallait un encouragement capable de stimuler l’activité nationale ; il fallait alors, comme aujourd'hui, une arme assez forte pour défendre la marine marchande, toujours faible, contre la concurrence étrangère. C'est ce que réalisa l’Acte de Navigation, présenté dans la séance du 22 septembre 1791, après un remarquable rapport, par De Lattre, négociant d’Abbeville f.

Faisant, lui aussi, adhésion au système protecteur, le rapporteur dit, qu’à l'exemple de l'Angleterre, à laquelle il a tant profité?, la France, qui en a tant besoin, doit faire passer ce système du commerce à la navigation. Elle doit arriver à faire seule tout son commerce, el sa marine doit se suffire à elle-même. Outre le gain immédiat réalisé sur le fret3, le relèvement de la Marine assurera une pépinière de marins pour la pêche, si nécessaire à l’approvisionnement des colonies, et pour la défense des côtes, si incomplète. Le manque de matières premières, bois et fer, n’est pas un obstacle; car ce sont précisément les pays qui en manquent le plus, comme l'Angleterre et la Hol-

1. Arch. parlem., XXXI, 203-225.

2. En 1651 l'étranger faisait 1/2 de la navigation en Angleterre; en 1700, 4/5 ; en 1750, 1/12; en 11789, 1/14.

3. On paie à l'Angleterre et à la Hollande 12 millions sur 15 des gains produits par le fret. — Sur 345.000 tonnes représentant l'exportation française, 23.000 seulement sont transportées par navires français.