Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

158 LA CONSTITUTION COLONIALE

réforme subissait ou faisait naître. Mais il lui a manqué de démêler à l'avance les intrigues nouées en France ou aux colonies, et d’en atténuer le mal. L'agitation, en effet, eut des causes générales que l’on pouvait saisir et. des causes particulières contre lesquelles on pouvait s’armer. La Constituante n'en eut pas nettement conscience, et les troubles éclatèrent partout, légers où n’agissaient que les causes générales, graves et persistants où les circonstances particulières venaient les aviver.

La Constituante, tout d'abord, ne se rendit pas compte que ses atermoiements, en partie volontaires, élaient une première excitation au désordre. À son exemple les colonies voulurent secouer « le joug ministériel », former des assemblées, légiférer. Quand intervinrentses décrets des 8 et 28 mars, le mouvement s'était produit partout, et plus vigoureusement dans les pays riches, Martinique et Saint-Domingue. Les ordres de la métropole se heurtèrent à des idées arrêtées, à des ambitions triomphantes, qu’il n’était plus facile de réduire, qu'il fallait ménager par des mesures transitoires, d'apparence faible. On envenima ainsi les rivalités ; on rendit les erreurs respectables.

Les décrets eux-mêmes, par leurs lacunes ou leurs indécisions, encouragèrent les erreurs et les résistances. Ils ne donnaient ni ne retiraient les droits politiques à la classe des noirs libres, puissante et remuante ; ils justifiaient ainsi les défen-