Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

LES TROUBLES 159

sives hautaines des uns et les revendications à main armée des autres. Ils laissaient aux assemblées déjà formées la faculté de provoquer ou non leur renouvellement, et cependant les soumettaient à une confirmation des paroisses. Ils leur défendaient d'exécuter provisoirement leurs décisions avant le renouvellement ou la confirmation, et rétablissaient par là mème, pour plusieurs mois, la dictature du gouverneur, condamnée en principe. Ils accordaient la plénitude du pouvoir législatif pour les lois intérieures et qualifiaient de transaction les lois communes avec la métropole, sollicitant presque toutes les hardiesses législatives. L'instruction du 18 mars n’allait-elle pas jusqu'à dire : « Si le régime de leur gouvernement est oppressif, la réponse est dans la Révolution ! » Comment, dès lors, les colons ne se seraient-ils pas crus autorisés à engager contre les gouverneurs une lutte semblable à celle des Français contre le roi?

Cette lutte était, pour le moins, aussi légitime ; car les agents du roi, en pays d'outre-mer, valaient moins que le roi. On sait quelle opposition la plupart des officiers de terre et de mer firent à la Révolution. « L'armée est le dernier refuge de l’aristocratie, » s’écriait Robespierre, le 10 juin 17911, et il disait vrai. Un grand nombre émigrèrent ; la municipalité de Brest, en décembre 1791, constatait que, malgré les dénégations du ministre

4, Arch. parlem., XXVII, 4104 ; Proc.-verb., n° 671, p. 16, t. LVIIL.