Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

LES TROUBLES 161

pouvoir y aient beaucoup d'autorité et d'initiative, à cause de la distance ». Il soutini contre tous les agents impopulaires tels que Rarbé de Marbois. Il sembla prendre plaisir à étaler aux yeux de l’Assemblée les erreurs des colons ou l’indiscipline des troupes !. Il se conduisit enfin de telle sorte que Barnave lui-même crut devoir le sacrifier. « Le Comité des Colonies, déclara-t-il, a reçu des plaintes de toutes les colonies contre La Luzerne, et de tous les partis?. » Aussi est-ce contre lui, plus encore que contre ses collègues, que fut voté l'ordre du jour de méfiance qui provoqua la première crise ministérielle. Moreau de Saint-Méry ne fut même pas désarmé par la démission de l’inculpé ; huit jours après, il l’accusait encore d’avoir prévenu contre les colons son successeur, Claret de Fleurieu.

Cette suspicion avouée contre les officiers et les ministres devait engendrer naturellement l’indiscipline des troupes et l'insurrection des colons. Il y avait aux colonies des milices indigènes, des régiments métropolitains et des marins. Les milices étaient aux {rois quarts composées de mulâtres, qui croyaient à tort ou à raison le roi et les ministres favorables à leur cause, mais qui y trouvaient les gouverneurs manifestement hostiles. Les régiments métropolitains, envoyés en 1790, arrivèrent imbus

1. Fréteau l’en accusa formellement dans la séance du 10 octobre 1790; — Arch. parlem., XIX, 531; Proc.-verb., n° 448, p. 5-15, t. XXXIV.

2. Séance du 21 octobre 1790, Arch. parlem., XIX, 18: Proc.verb., loc. cit.

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