Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

160 LA CONSTITUTION COLONIALE

Bertrand de Molleville, 378 officiers de la flotte sur 804 étaient absents et 271 sans congé. C'est dans ce milieu qu'étaient recrutés les gouverneurs ; ils appartenaient, pour la plupart, à la coterie des « collets bleus », brave et instruite sans doute, mais fermée, arrogante, foncièrement aristocrate, ou bien à la partie de l’armée la plus titrée et la plus dépendante du favoritisme royal. Beaucoup prirent ouvertement parti contre la Révolution. Si quelques-uns, comme le comte de Blanchelande, font étalage de leur impartialité et de leur soumission aux décrets de la Constituante, ils n’en gardent pas moins une arrière-pensée d'opposition, qui donne à leur action politique une apparence de faiblesse et de duplicité. Ils sont soutenus par un éfat-major d'autant plus franchement réactionnaire qu'il est tenu à moins de réserve; le colonel Mauduit, les commandants de Rouvray et de Rivière commirent de vrais excès.

Les ministres eux-mêmes entretenaient cette résistance lointaine à la Révolution ; ils semblaient vouloir se dédommager des concessions auxquelles ils étaient forcés en France. La Luzerne surtout montra son parti pris. Il ne voulut pas faire prêter le serment civique aux troupes des colonies et s’en excusa maladroitement sur le décret du 8 mars, qui suivit d'un mois la plainte des colons. Il s'opposa, au début?, à toute innovation dans les colonies ; il déclara nécessaire « que les agents du

1. Ibid., XXXV, 621. . 2, Arch. parlem.; séance du 27 octobre 1789, IX, 592 Proc verb., n° 109, p. 7, t. VI. à