Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

LES TROUBLES 165

pas d’être flattés de cette démonstration ; sur un point, au moins, leur réforme semblait se faire sans encombre. Libre, le gouverneur de Clugny put prêter aux îles voisines une partie des troupes dont il disposait !. IL écarta, par là même, de chez lui, sinon d’ailleurs, une des causes de troubles qui agirent le plus efficacement.

A Tabago, qui était presque anglaise de traditions et d'intérêts?, les troubles naquirent du conflit entre l'esprit anti-révolutionnaire du gouverneur par intérim, le chevalier de Jobal, appuyé par les planteurs d'origine anglaise, et l'esprit révolutionnaire des habitants d’origine française, appuyés par un bataillon du régiment de la Guadeloupe. Dès le 23 octobre 1789, le sieur Bosque, avocat, prit l'initiative de former une assemblée patriotique et demanda qu'on fit prêter aux troupes le serment civique. Il fut aussitôt déféré devant les juges de l’amirauté, Oyer et Terminer, et condamné, avec ses partisans Grelier et Guys. Ses biens furent confisqués, ses nègres vendus; il fut arrêté et brutalement jeté dans l'ile presque déserte de la Trinité?. Mais les patriotes entreprirent de le venger ; les volontaires qu'ils avaient

1. 2 bataillons d'infanterie et 1 détachement d'artillerie, soit 1.313 hommes, plus 10 compagnies de milices formant un effectif de 4.171 hommes et 300 hommes de troupes noires. — En tout 5.184 hommes (cf. Mém. précité).

2. Cf. Mém. de Roume de Saint-Laurent sur les réclamations des Hypothécaires anglais (s'élevant à 22.032.108 livres), annexé à la séance du 11 juillet 1791 dans les Archives parlementaires, XXVIIT, 129-204.

3. Rapport Alquier, 17 février 1790; — Arch. parlem., XXII, 234-2170, P. J., 255-269.