Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

166 LA CONSTITUTION COLONIALE

enrôlés se mêlèrent aux hommes du 2° bataillon de la Guadeloupe et les poussèrent à la révolte contre leurs officiers, notoirement hostiles à la Révolution. Ils marchèrent ensemble, sous les ordres de Edmond Saint-Léger, contre Port-Louis et l’incendièrent le 16 février 1790. Le gouverneur réussit à les faire rentrer dans le devoir et les embarqua pour la France !. Mais l’agitation recommença bientôt par la faute du ministre. Intentionnellement ou non, La Luzerne n'avait donné aucune instruction au commandant de frégate chargé d’amener des secours?, ni au commandant du navire bordelais chargé des vivres. Aussi qu'arriva-t-il? De Jobal et l’ordonnateur Roume prétendirent mettre à la charge de la colonie l'entretien de ces troupes el exigèrent un contingent colonial de 12.260 livres par mois. L’Assemblée coloniale, constituée en exécution du décret du 8 mars, fut aussitôt convoquée par son président, Gilbert Pétrie; elle refusa, d’après l’instruction du 28 mars, de prendre à son compte une des charges de la métropole et préféra se passer de garnison. Mais de Jobal et le commandant ne l’entendaient pas ainsi. Ils débarquèrent les troupes, qui se répandirent ausssitôt dans les cabarets de la ville; Port-Louis fut de nouveau menacét. Il

1, Communications 29-30 juin 1790 ; — Arch. parlem., XVI, 568, 580 ; Proc.-verb., n°° 334, 335, t. XXIII.

2. Trois frégates, 876 hommes du régiment de la Sarre, 900 fusils.

3. Motion de Dillon, 17 février 1191; — Arch. parlem., XXII, 2371; Proc.-verb., n° 565, p. 36, t. XLVI.

4. Lettre de Gilbert Pétrie à son frère, député de Tabago à Paris, datée du 19 octobre 1790 (Arch. nation., Dxxv, cart. 85).