Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

168 LA CONSTITUTION COLONIALE

et des commissaires envoyés par la métropole.

Aux îles de France et Bourbon, ainsi qu'aux Indes, il en fut à peu près comme à la Guadeloupe. Le départ des députés à l’Assemblée constituante fut marqué, le 4 novembre 1790, par un drame, le meurtre du commandant du vaisseau La Thétis, Mac-Nemara. Mais cette violence avait été provoquée par l'attitude agressive de la victime; elle n'impliquait ni indiscipline ordinaire des troupes, ni rébellion calculée des colons!. Les colons, au contraire, approuvèrent sans réserve les décrets de Mars et s’y conformèrent. I] ne tint pas au ministre La Luzerne que l'exécution fût aussi simple ; car il négligea, là comme ailleurs, d'envoyer officiellement les décrets. C’est « par une voie particulière » que les colons en reçurent communication dans le courant de juin 1790? Heureusement le comte de Conway transmit ses pouvoirs le 26 août au chevalier de Cossigny, libéral et populaire, et les Assemblées coloniales furent constituées sans encombre au mois de septembre 1890. À Bourbon, l’Assemblée préparatoire démissionna spontanément, avec une logique qui avait manqué à Barnave, et une nouvelle Assemblée fut élue, selon les prescriptions des articles 4-10 des Instructions. Elle transporta, pour de bonnes raisons, son siège à Saint-Paul, et son

1. Cf. art. de M. Brette dans la Revue de la Révolution, 14 juin 1895 (t. XX VIII, 530-549).

2. Adresse de Port-Louis, datée du 14 septembre 1790, lue le 19 janvier 1791: — Arch. parlem.. XXII, 385 ; Proc.-verb., n° 536, p. 22, t. XLIII, texte. — Lettre du comte de Conway du 5 août 1790, ap. Brette (article cité).