Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

LES TROUBLES 175

À Saint-Domingue, l’Assemblée provinciale du Cap avait, nous l’avons vu, ouvert la lutte contre le gouverneur de Peynier. Les autres assemblées de l’île, provinciales ou paroissiales, sans la suivre dans ses agissements, avaient contribué avec elle à l’élection d’une Assemblée coloniale, composée de 212 membres, qui se réunit à Saint-Marc. La chose était faite et l'Assemblée constituée depuis quatre mois, quand les décrets furent connus officiellement, le 30 mai. De cette situation, la même partout, naquirent, dans ce milieu riche et prétentieux, des troubles d’une gravité et d’une durée particulières.

Avant de connaitre les déerets, l'Assemblée de Saint-Marc se conduisit comme avait fait celle du Cap; c'étaient, dans toute l'île, mêmes aspirations et mêmes préjugés. Elle destitua les officiers et les agents administratifs, ouvrit les dépèches du gouverneur, prononça l'inviolabilité de ses membres, s’attribua les pleins pouvoirs législatifs, se déclara permanente. Elle se croyait sincèrement une Constituante au petit pied. Comme la Constituante, elle entasse décrets sur décrets et se met en devoir de réorganiser, dans l'ile, la justice, les finances, l’armée, l'administration. Le 20 mai, elle donne aux municipalités toutes les fonctions mili-

720; XXII, 467, 483; XXIV, 374; XXVI, 122. — V. le Rapport de Barnave du 27 novembre 1790; — Arch. parlem., XXI, 125-127; Proc.-verb., n° 486, p. 28-31, t. XXXVIIL: cf. le Mémoire du vicomte de Damas sur les troubles de la Martinique [Arch.colon., Anciens Mém. génér., t. XXI, n° 51 (30 p., 65 P. J.)] et sa correspondance avec les commissaires civils (Arch. nation., Dxxv, 146, "6% et 7°")