Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

174 LA CONSTITUTION COLONIALE

à aller siéger au Gros-Morne, dans l’intérieur de l’île. De Chabrolles, colonel du régiment de la Martinique, prend le commandement des troupes de Saint-Pierre et essaie de gagner les équipages des navires en station. L'Assemblée, toutefois, et le gouverneur n'abandonnent pas la partie. Ils recoivent de la Guadeloupe, le 6 octobre, un secours de 300 hommes, qui encadrent leur armée noire, restée fidèle, et ensemble ils marchent contre FortRoyal. Ils s’en rendent maîtres après un vif engagement et font nombre de prisonniers. Sans désemparer, ils se dirigent sur Saint-Pierre, ville riche et bonne à piller. Ils la bloquent par terre, tandis que de Rivière, commandant du vaisseau /4« Ferme, élablit sur mer un blocus rigoureux, dont les navires marchands eurent beaucoup à souffrir. Les assaillants crurent montrer une méritoire modération en ne détruisant pas la ville, quand ils en furent maitres. Ils se contentèrent, suivant les expressions de l’Assemblée coloniale, « d'arrêter le zèle de la régénération incendiaire el destructive de ses habitants et des hordes de brigands qu'ils ontappelés dans son sein ». Finalement Damas rentra en vainqueur dans Saint-Pierre, après sept mois et demi!, embarqua sur la Ferme 116 soldats faits prisonniers à Fort-Royal et écrivit en France que tout était rentré dans l’ordre ?.

À. La ville était défendue par les régiments de la Martinique et de la Guadeloupe, des détachements de l'artillerie et du régiment de la Sarre, des volontaires patriotes commandés par Coquille Dugommier (cf. sa Déclaration à l’Assemblée législative, 7 dé-

cembre 1791 ; — Arch. parlem., XXXV, 623). 2. Arch. parlem., XV, 284: XVIII, 646; XIX, 670; XXI, 125,