Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

182 LA CONSTITUTION COLONIALE

débarquement se fit en partie le jour même, 3 mars, à neuf heures du soir. Et alors, du contact entre ces troupes el la population, également irritées, jaillit une effervescence folle. Le lendemain, 4 mars, le régiment de Port-au-Prince, dont la discipline et l'attachement à ses devoirs avaient été célébrés dans plusieurs lettres de Blanchelaude !, se saisit de son colonel Mauduit, exigea de lui la restitution des drapeaux enlevés le 30 juillet, et finalement le mit à mort. Blanchelaude avait déserté son poste le matin même et était parti pour le Cap, d'où il demanda des renforts au gouverneur de la Martinique. Dans ce désarroi, la population de Port-au-Prince montra de lénergie et de la décision. Elle élut sur-lechamp une municipalité provisoire, qui se saisit du pouvoir abandonné et rétablit l’ordre avec le concours des officiers de tous les corps. Cette municipalité, se défiant des calomnies, se hâta de rédiger, le 8 mars, deux adresses, l’une à lAssemblée nationale, et l’autre au roi, afin de faire connaître ses vrais sentiments : « Jamais, dit l'adresse à la Constituante, la colonie n’a visé à l'indépendance, et elle n'y visera jamais... L'intervention des régiments à trompé les ennemis de la Constitution. Maintenant le temps des persécutions est passé pour les colons de Saint-Domingue comme pour leurs frères d'Europe... Des plans seront faits par l’Assemblée coloniale qui va se

1. Lettre du 29 novembre 1790 : « Il est impossible de voir deux

corps militaires mieux tenus que les régiments du Cap et de Portau-Prince, »