Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

LES TROUBLES 181

d’un plein succès. Une dépêche du 42 février 1791 annonce que partout se manifeste une grande ardeur pour l'exécution des nouveaux ordres de la métropole et exprime le ferme espoir de voir à la fin de mars la nouvelle Assemblée coloniale travailler avec calme.

Mais la pacification, toute de surface, avait laissé, sinon causé une grande irrilation. L'événement du 4 mars ne le prouva que trop. La station navale des îles du Ventétaitvenue mouiller devant Port-au-Prince. Blanchelande s’opposa au débarquement des troupes et donna au commandant de Village l’ordre d’aller atterrir au môle SaintNicolas. Les soldats des régiments d'Artois et de Normandie et les matelots des équipages, animés de sentiments civiques, virent là une intrigue réactionnaire el exigèrent leur débarquement, avec huées et menaces à l'adresse de Blanchelaude, qui était venu à bord. Celui-ci alors se ravisa, et non seulement permit la descente à terre, mais autorisa Le commandant à délivrer des cartouches. Une députation du district obtint que le

la réunion des esprits, de faire tous les sacrifices personnels pour arriver à ce but, je m'armai d'une impartialité qui ne m'a jamais abandonné. » — De Villèle, qui était alors enseigne à bord du Fougueux, donne un trait de caractère de Blanchelande, qui, s'il est bien observé (de Villèle avait dix-sept ans !), explique les écarts de conduite que l'on punira plus tard : « M. de Blanchelande, dit-il (Mém., 1, 31), arriva peu de temps après. Je fus envoyé à bord du bâtiment qui portait le nouveau gouverneur pour prendre ses ordres, et je me rappelle encore le ton goguenard et présomptueux avec lequel il me demanda s’il était possible de descendre à terre autrement que l'épée à la main et le pistolet au poing, comme on le prétendait en France. »