Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

188 LA CONSTITUTION COLONIALE

législatifs, que l’on incriminait, élaient la conséquence des fameuses instructions du 28 mars. Ces instructions ne laissaient-elles pas à l'initiative des colons « tout — et tout n'excepte rien — ce qui peut entrer dans la composition du gouvernement » ? Quant aux écarts politiques, ils étaient le résultat des intrigues antirévolutionnaires, ourdies par les agents du pouvoir. Jamais l'Assemblée de Saint-Marc n'avait agité la mauvaise pensée d'une séparation; la preuve en est dans l’article 10 du décret du 28 mai, dont on à fait la base de l'accusation. Cet article ne réserve-t-il pas l'approbalion de l'Assemblée métropolitaine? D'ailleurs on s’est abstenu de lire la correspondance de l’Assemblée; or elle est pleine de protestations de fidélité et de soumission. Barnave, ainsi mis en cause, fut obligé de venir défendre son acte d’accusation du 12 octobre et d'offrir les preuves de ses allégations. Il demanda et obtint que toutes les pièces déposées au Comité colonial seraient examinées par les membres des quatre Comités de Constitution, de Marine, d'Agriculture et de Commerce. C'était déjà un beau succès pour les colons d'avoir réduit au rôle d'accusé leur accusateur. Mais, trois mois après, leur triomphe fut plus complet. Le 28 juin, le rapporteur Payen vint proposer en ces Lermes l’amnistie : « L'Assemblée nationale, convaincue de la pureté des intentions de la ci-devant Assemblée de Saint-Mare, lève les décrets des 27 septembre et 12 octobre 1890 et accorde à chacun des membres venus en France une indemnité de 6.000 francs. » L'indemnité, il