Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

LES MESURES DE RÉPRESSION 187

punitions sévères!, mais finalement amnistié*. Les régiments de la Martinique, de la Guadeloupe et de Port-au-Prince, qui attendaient à Saint-Malo leur condamnation, furent simplement tenus dans leurs cantonnements, et la solde fut continuée à leurs officiers ?.

La condescendance fut plus grande encore visà-vis des civils, complices ou fauteurs des troubles. Les 85 membres de l'Assemblée de Saint-Marc, qui étaient venus d'eux-mêmes s'offrir au jugement de l’Assemblée, n’eurent pas à s’en repentir. On les fit, il est vrai, attendre durant six grands mois. Mais, quand ils furent enfin admis à la barre, le 31 mars et le 5 avril, ils purent faire plaider leur cause par un des avocats les plus incisifs et les plus hardis de l’époque, le célèbre Linguet. L'argumentation du défenseur fut vive et pressante ; elle prit vite l'allure d'un réquisitoire contre le Comité colonial et contre le parti des négociants qui le soutenait'. Linguet montra que les écarts

1. Séance du 20 septembre 1790, Rapport de Gurt; — Arch. parlem., XIX, 92-94; Proc.-verb., n° 419, p. 23-26, t. XXXI.

2. Séance du 7 juillet 1791, Rapport Payen ; — Arch. parlem,., XXVIIT, 15; Proc.-verb., n° 697, p. 3-4, t. LXII, texte du décret.

3. Séance du 30 juillet 1791, Rapport de Champagny; — Archiv. parlem., XXIX, 33: Proc.-verb., n° 120, t. LXV, p. 6-1, texte du décret.

4. Lecouteulx de Cauteleu essaya d'une diversion pour détruire l’effet du discours de Linguet. Il interrompit l'orateur pour dénoncer une brochure parue la veille, où les membres de l’Assemblée de Saint-Marc semblaient repousser le décret du 12 octobre, et il demanda que leur orateur füt forcé de s'expliquer sur ce point avant de poursuivre, Linguet obtint le renvoi au lendemain et s'expliqua, d’ailleurs assez peu nettement(Séance du 31 mars 1791 ; Arch. parlem., XXIV, 486). — Proc.-verb., n° 606, p. 28-30, t. L.