Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

212 L'ÉTAT DES PERSONNES

Rebutés dans leurs avances aux colons blancs, les mulâtres se tournèrent vers la Constituante, et ils arguèrent naturellement de leur tentative de conciliation. Une députation, menée par de Joly, vint, dans la séance du 22 octobre, lire une adresse demandant une représentation dans l’Assemblée pour les noirs libres et propriétaires : « Les citoyens de couleur, dit l’orateur, ont eu la générosité de députer auprès des blanes, de leur proposer le pacte qu'ils viennent soumettre à votre justice, et ils ont eu la douleur de se voir repousser avec le mépris dont on les a toujours accablés. » Il termina en annonçant une souscription de six millions représentant le quart de leurs revenus, « pour l'acquit des dettes de l'Etat! ».

La réponse du président Fréteau fut encourageante. IL dit « qu'aucune partie de la nation ne réclamerait vainement ses droits auprès de l’assemblée de ses représentants et que ceux qui semblent éloignés de ses regards par les préjugés relatifs à la différence d’origine en seront rapprochés par ces sentiments d'humanité qui caractérisent ses délibérations et animent ses efforts. » Mais il s’en fallait qu'il y eût cause gagnée. Les

1. Arch. parlem., IX, 416; Proc.-verb., n° 105, p. 1-10, t. VI, Discours de Joly et réponse du président Fréteau. — M. Brette (IL, 346) dit que cette adresse fut le premier manifeste des noirs libres. Ce ne fut pas leur premier acte; la démarche auprès des colons de l'hôtel Massiac a une aussi grande valeur. Ils apportaient d'ailleurs le cahier de doléances ou de revendications, déjà communiqué aux colons blancs, puisqu'il fut rédigé les 3, 8, 12 et 22 septembre (Arch. colon., collection Moreau de Saint-Méry, t. XVI, broch. in-8° de 15 p., s. 1. n. d.).

ta ne dés