Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

LES PRÉCÉDENTS DU DÉCRET DU 45 MAI 241

mulé les mêmes demandes, il ajouta ces paroles significatives : « Nous envoyons une députation à l’Assemblée nalionale pour lui offrir l'hommage de notre dévouement et réclamer les droits politiques. Mais nous serions heureux de tenir de la bonne volonté des colons ce que nous allons demander.» À ces ouvertures conciliantes que répondit la Société ? Le 10, au matin, elle fit savoir à de Joly qu'elle n'avait pas qualité pour s'occuper de ses demandes, qui ne pouvaient être étudiées que par une Assemblée coloniale. La réponse était en apparence correcte ; elle n’était qu'hypocrite. Trois jours auparavant, en effet, le bureau, expliquant son action aux colons de Bordeaux, avait écrit : « De concert avec les députés, nous avons fait une requête pour obtenir la convocation d'assemblées coloniales, afin de détourner la propagande des Noirs !. » Renvoyer les Noirs devant ces assemblées était donc une duperie ; les blancs y siégeaient seuls et entendaient conserver ce privilège?. Quand la Constituante voulut en ouvrir les portes aux noirs libres, ils s’insurgèrent ; ils eussent consenti à quelques concessions sur l'état civil, mais sur le droit politique ils étaient irréductibles.

cahier de doléances (Bibl. nation., Le 24/203) fut faite dans le cabinet de M. de Joly, avocat aux conseils, « après avoir fait prévenir M. le Maire et M. le Commandant de la garde nationale » (cf. Brette, Révolution, 14 octobre 1895, t. XXIX, p. 330). De Joly, d'ailleurs, abondonna la cause des mulätres après le 8 mars 1790.

1. Proc.-verb. (ibid.). :

2. Cf. art. 9 du projet de convocation arrêté avec le ministre le 3 septembre (V. plus haut, chap. 1, 2 3).