Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

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D'autres crédits, pour être plus précis, n'élaient pas plus sages. Ainsi le roi entretenait à grands frais des ateliers de nègres, qui lui coûtaient à Saint-Domingue par exemple, 112.080 livres pour 357 nègres et nécessitaient la présence d’un inspecteur, de ? économes, de 3 piqueurs. De même, il y avait vraiment excès dans le nombre des curés, séculiers ou réguliers, nommés el appointés par le roi: 41 à la Martinique, 23 à Cayenne, 27 aux îles de France et Bourbon. Si petite que fût l'indemnité allouée !, la dépense totale ne s'en élevait pas moins à 164.000 livres.

Mais ce que l’on incriminait dans cette administration coloniale, c'étaient moins le désordre et la dépense que l'arbitraire et l'oppression. Barnave, lors de sa première intervention dans la question coloniale, disait avec force : « Les colonies ont essuyé de grandes oppressions de la part du régime arbitraire et ministériel ; elles ont longtemps faitentendre leurs plaintes, et, comme si le despotisme, exilé de la métropole, eût cherché à se dédommager sur les malheureux habitants des îles, le moment où la nation française s'est occupée à reconstituer ses droits a été pour les colonies celui des plus cruelles vexations*?. » Ces paroles sont confirmées par les accusations, excessives peut-être, mais vraies en partie, que les colons de Saint-Domingue et leur manda-

1. Préfets apostoliques, 2.000 livres; missionnaires et curés, 1.000 livres,

2, Arch. parlem., XII, 68, séance du 8 mars 1790; verb., n° 223, t. XIV, texte du rapport (p. 1-15) et d