Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

2 ÉTAT DE LA QUESTION EN 1789

cour! : puiselle s'adressa aux hommes du peuple dédaignés par les autres sociétés, et notamment aux artisans des faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marceau. Elle forma ainsi un groupe nombreux, — 500.000, dit-on*?, — réunissant toutes les classes sociales. Fondée à l'imitation des sociétés anglaises pour faire une propagande désintéressée en faveur des noirs, esclaves ou libres, elle généralisait souvent ses discussions, etelle agitait, avant la Révolution, les idées révolutionnaires de liberté et d'égalité; elle formulait déjà les droits de l'homme. Par cela même, autant que par sa composition toute démocratique, elle fut très influente. Elle se tint en correspondance avec toutes les sociétés d'action qui se fondèrent alors par toute la France. Elle pratiqua, avant les Jacobins, l'union, sinon l’affiliation jacobine.

Elle fut fort calomniée. C'était accusation courante chez les adversaires de Brissot de dire qu'il était riche de l'or anglais ou mulâtre; que la Société recevait le mot d'ordre de la Société similaire de Londres; que les « patriotes » étaient des traîtres vendus à l'Angleterre ; que les troubles des colonies furent leur œuvre, et que les « Brissotins » étaient tous prèts à s'écrier, comme Robespierre : « Périssent les colonies * ! » Ces accu-

4. Révélations du Marquis Beaupoil de Saint-Aulaire, ap. Barruel, 11, 506-513).

2. Barruel (11, 521).

3. Cf. Gouy d'Arsy, Leltre à mes Commettants, 31 août 1891, p. 8, 42, 28 ; Confession d'un Député, 15 septembre 1891, p. 10 ; Lettre à Brissot, 10 janvier 1891 ; — Développement des Causes des