Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (14 AVRIL 1790) 135

vous plaignez. J'ai remis une note de la plainte que vous faites, de n’avoir pas encore reçu officiellement le décret sanctionné, relatif à la conservation du mobilier des moines.

Les assignats seront sûrement décrétés cette semaine, on essaiera aussi de remédier aux difficultés des perceptions. Bien des gens d’affaires sont aussi embarrassés que le commerce des provinces, des arrangements des receveurs des finances. Cet embarras ne peut pas durer. (Arch. Bernay.)

LXIX. — Aux mêmes. Le 14 avril 1790.

Messieurs, nous voilà encore dans un moment de crise, mais je crois que ce sera le dernier. J'avais bien prévu qu’au moment de l’expropriation du clergé il y aurait une forte commotion. On a été forcé de suspendre les délibérations sur la constitution de l’ordre judiciaire pour s'occuper de la création des assignats. Avant l’émission de ce papier, il faut mettre les biens du clergé dans les mains de la nation. Le clergé, qui ne veut pas s’en dessaisir, tente tous les moyens de les retenir, et il a lié la cause de la propriété à celle de la religion : il a fallu délibérer sur l'unité du culte public en France. Vous trouverez sage la déclaration qui a été faite hier, à l’Assemblée nationale, sur le fait de la religion catholique, apostolique et romaine. On n’a point adopté les idées que le fanatisme suggérait, ou plutôt l’avarice. Vous jugerez que l’Assemblée doit être à l’abri des inculpations d'irréligion, dont les ennemis de toute réforme s'efforcent de l’entacher sous ses propres yeux, efforts qu'ils vont redoubler, pour séduire et égarer les peuples dans le fond des provinces.

La multitude des libelles, l’abus du ministère le plus saint, la violence des déclamations, le tumulte le plus