Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (24 AVRIL 1790) 139

perdu que de plaider la cause des villes dans ce moment. L'équilibre se rétablira par la suite.

M. Des Noës ne fabriquera pasde système: iln’osera en adopter un différent de celui qui sera accrédité dans une partie de l’Assemblée; mais il tâchera d’en tirer parti, en se faisant valoir, tant qu'il pourra, à Bernay. M”* Des Noës doit vous faire cadeau de dix belles pièces de ruban, en guise d’écharpes, aux couleurs de la nation. Messieurs les officiers municipaux pourront se parer de ces faveurs, ou plutôt de ces rubans.

Lindet m'’écrit que vous êtes fatigué du travail que vous occasionne la nouvelle combinaison des choses; ménagez-vous et prenez quelque repos. On ne peut être à tout.

La portion de l’Assemblée qui tient ses Comités aux Capucins ferait un schisme ouvert: si elle se croyait appuyée par les provinces : dans ce cas, elle déserterait Paris, où elle ne trouverait pas sûreté... Ces messieurs ne prennent plus voix délibérative, du moins, le plus grand nombre d’entre eux ; mais ils assistent et discutent encore. Ils se sont permis de discuter sur les assignats libres ou forcés ; à présent que cette dernière ressource leur est enlevée, ils pourraient bien s’interdire même la discussion. (Papiers R. Lindet.)

LXXI. — À R. Lindet. Le 24 avril 1790.

Mon frère, vous serez étonné du décret provisoire relatif à la chasse (1). Vous le serez plus encore de l’article du décret des droits féodaux, qui ne permet le rachat des rentes seigneuriales qu’à la charge de racheter les droits casuels et éventuels (2)... Ce décret est la résurrection du régime féodal. Cependant, contre l’inten-

(1) C’est le décret des 22, 23 et 28 avril 1790. (2) Séance du 23 avril. Voir plus loin, lettre LXXII.