Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

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160 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

.…. Le vicomte de Mirabeau en prit occasion de sonner le tocsin de la guerre civile. Il annonça que quatre mille hommes et six pièces de canon étaient partis de Toulouse, pour appuyer Montauban contre les Bordelais. L’impudent menteur fut confondu à l'instant : mais qu'importe pour lui et ses adhérents? Un maudit abbé à la tribune s’avisa d’applaudir à la sortie fanatique du vicomte de Mirabeau ; il fut désigné. Heureusement qu'on fit réflexion qu’en insistant on l'aurait dénoncé à la justice populaire : il doit s’estimer heureux d’avoir évité la lanterne, dont il pouvait ressusciter l'usage, n'ayant pas le privilège de l’inviolabilité comme l'être vil qu'il applaudissait.…

[11 parle de l’avis qu’il a donné au Comité, sur la question relative à l’éligibilité des commissaires du roi aux places auxquelles nomment les assemblées électorales.] (Papiers K.

Lindet.)

LXXXIV.— Aux officiers municipaux de Bernay. Le 16 1ai 1790.

Messieurs, le roi, alarmé des dispositions hostiles de l'Angleterre à l’égard de l'Espagne, à fait prévenir l’Assemblée des ordres qu’il a donnés, pour l'armement de quatorze vaisseaux, et pour se préparer à un armement plus considérable (1). Ila demandé les secours qu'exigera cette dépense, suivant la liste qu'il fera présenter; il a fait annoncer les espérances qu’il a de maintenir la paix entre ces deux puissances; il fait insinuer son désir de se conformer à l'ancien pacte de famille. Par un décret d'hier, le président a été chargé de remercier le roi, au nom de l’Assemblée, des démarches qu'il a faites pour assurer la paix; et, par le même décret, il a été décidé qu’on mettra aujourd’hui en discussion la question si la

(1) M. de Montmorin avait transmis au président de l'Assemblée nationale

avis de ces armements. La discussion s'ouvrit sur cette question à la séance du samedi 1$ mai. Moniteur, réimpression, IV, 371.