Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (10 JUIN 1790) 181

ces votes par acclamation sont très dangereux. On ferait bien de s’en corriger. L'assemblée des électeurs de chaque département nommera au scrutin les évêques.

On commence à répandre que la Cour est satisfaite. On désavoue les mécontentements de la garde nationale à Saint-Cloud. On explique le propos alarmant d’un huissier de la Chambre. Cet huissier, dit-on, est une mauvaise tête, sujet à quelques accès de folie; on l’a mis en prison; il se mit à crier au secours, à l'assassinat, etc., sur la plainte de quelques personnes de la garde parisienne, qui avaient vu introduire par erreur d’autres curieux qu'on avait cru avoir des fonctions à remplir.

La phrase de la lettre du roi qui concerne les gardes du corps fit un effet qui fut promptement suspendu par les phrases suivantes. Je ne sais encore quelle sensation elle fera dans Paris.

Messieurs, vos électeurs vont incessammentse rendre à Évreux. Leur choix intéresse infiniment la prospérité du département. Il est bien intéressant que les électeurs des campagnes, qui domineront par le nombre, n'aient l’ambition de vouloir remplir toutes les places de l’administration : ils ont intérêt à former de bons choix; mais tout serait perdu si l’on choisissait des hommes qui ne fussent pas exercés à un travail assidu, et en état de suivre une multitude infinie de combinaisons. Cette première élection est la plus importante, parce que tout est à créer, tout à réformer, et la route n’est pas frayée.

La ville d'Evreux prendrait un grand avantage, si elle fournissait tous les membres du Directoire. [1 faut convenir que [le Directoire] réglera à peu près tout; les autres administrateurs seront dans l'impossibilité absolue de se mêler des affaires de détail; et même il leur sera difficile de contrarier le plan général du Directoire, parce qu’il faudrait avoir un autre travail à substituer, et le désir de terminer les séances fait souvent adopter des projets qu’on improuve. Je crois qu’il est essentiel de