Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

180 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

inutilement tenté de ramener à des principes plus larges, quand, au lieu de recueillir l'estime des bons citoyens, on se trouve heureux d’être ignoré du plus grand nombre, et de compter sur l’indulgence de ceux dont on est plus particulièrement connu (x). (Arch. Bernay.)

KXCVI. — Aux mêmes. Le 10 juin 1790.

Messieurs, je vous écrivais hier, et quelques interruptions m'ont fait échapper une réflexion sans laquelle ma lettre pourrait donner quelque alarme à quelques personnes que je serais fàché d’affiger. En parlant de suppression de cure, je devais observer: 1° que les bénéficiers actuels auront un traitement; 2° que, surtout par rapport aux cures des campagnes, on n’effectuera probablement la réunion qu’à la mort des titulaires, mais elle peut être provisoirement jugée. J'ajoute que, quelle que soit la détermination que vous prendrez, il sera important et facile dans ce moment d'assurer un presbytère sans que les paroissiens soient grevés de cette acquisition. En attendant, il échoit à la Saint-Jean une année de la rente levée sur la province pour tenir lieu de presbytère. J'écris, pour prier d’en faire ordonner le recouvrement, pour les deniers être employés aux secours des pauvres qui pourront souffrir de la cherté en attendant la récolte. C’est le restant de la somme que j'ai promise à Pâques dernier.

Le roi écrivit hier une lettre sentimentale qui a fait une grande impression. On a voté par acclamation, et ensuite à l'unanimité, la liste civile portée à 25,000,000 de livres,non compris les maisons, terres et forêts qu'il désignera pour ses plaisirs; le douaire de la reine est fixé à 4,000,000 (2).

Les Français sont toujours généreux et enthousiastes :

(x) Nous n'avons pas trouvé la copie de la lettre à laquelle Th. Lindet fait allusion. Peut-être se trouvait-elle sur une feuille ajoutée et aujourd'hui disparue.

(2) Décret du 9 juin 1790 Sur la liste civile.