Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (23 JUILLET 1790) 211

lièrement avec l’ancienne destination de ce lieu fatal.

Cependant, les Parisiens ont de la peine à oublier leur détresse. Ils murmurent du rétablissement des barrières : ils demandent l’abolition des entrées. On n’apaise le peuple qu'en lui promettant de porter cette pétition à l’Assemblée, et vous sentez combien elle en sera embarrassée. L’inégalité de la coupe des départements en districts, l'immense attribution donnée aux juges de paix, la suppression des matières féodales, décimales, des retraits lignagers, bientôt des substitutions, rendent fort problématique l'érection d’un tribunal judiciaire dans chaque district.

On ne parle plus de guerre, dans ce moment ; cependant je crains que le danger ne soit qu’éloigné, et qu’il ne soit rappelé par les intéressés. Je ne sais ceque deviendra l'affaire d'Avignon.

Tous nos militaires mécontents se rendent à Francfort et menacent les malheureux Brabançons. Les Liégeois paraissent faire meilleure contenance.

J'avais commencé ma lettre d'assez bonne heure. Des visites successives m'obligent à la finir pour me rendre à l'Assemblée assez tôt pour profiter de la poste. Je n'ai vu aucune des fêtes dont je vous parle; je ne sais quand partira M. de Marsenne (1); il est difficile de se rencontrer, je le vis un instant dimanche. (Papiers KR. Lindet).

CXVII. — Au même. Le 23 juillet 1700.

Mon frère, quoiqu’on parle toujours de guerre, il est difficile d’y croire. Le Comtat n’est pas tranquille; l’aris-

(1) Bouillerot de Marsenne (Alexis-Joseph), né le 11 février 1752, à Bernay, fut receveur du district de Bernay, puis député à la Convention en 1792. Il fit partie du parti montagnard avec les deux frères Lindet et Du Roy, ses compatriotes.