Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

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cela est vrai, tout cela est même facile à prouver. Ii ne s’agit que de le persuader, et c’est à quoi un bon main-

tien est nécessaire. En vérité, je ne sais quel génie

commerce avec l'Angleterre, je vous envoie, mon cher comte, une note qui renferme Île sens dans lequel on désire ici que l'on en parle.

« Note sur le traité de commerce.

« Il paraît que le traité de commerce plaît beaucoup aux deux parties. Les Anglais y voient un grand débouché pour leurs lainages, leurs cotons façconnés et leur quincaillerie. — Nous comptons sur une très grande exportation de nos vins, de nos toiles, batisies, etc, el probablement (ous ont raison, mais avec les modifications que le temps seul peut faire apprécier. En général, le traité paraît avoir consacré un principe trop souvent méconnu, que les droits modiques sont les seuls moyens de présenter le revenu et de prévenir la contrebande. Ainsi 10 à 12 pour 100 sont Les droits que les marchandises anglaises vont payer.

« Si dans les premières années l'avantage paraîtra être du côlé des Anglais, il est clair que chaque année le commerce français gagnera du terrain par là; d'autant que rien ne s'oppose à ce que nos manufactures imitent peu à peu les produits de l’industrie anglaise, tandis que la nature ayant refusé à l'Angleterre le sol et le climat qui seuls peuvent produire nos vins, ils seront toujours dans notre dépendance à cet égard.

« Îl est certain que les vins de Portugal continuent à être consommés en Angleterre en assez grande quantité; mais en général, on Préférera les vins de France; cela est prouvé par l'exemple de l'Irlande où il se boit dix fois plus de vin de France que de celui de Portugal. — Les vins de France ne devant désormais payer en Angleterre que les mêmes droits que ceux de Portugal y payent aujourd’hui, c’est-à-dire, 40 livres sterling par tonneau, où environ 2% sous de France, la bouteille, nos vins de Médoc pourront s'y vendre à bon marché et seront préférés aux vins de Portugal. Les Anglais pourraient à la vérité diminuer les droits actuels sur les vins de Portugal, mais ils craindraient de les diminuer trop sensiblement pour ne pas compromettre le produit de leurs brasseries qui forme la branche la plus importante de leurs droits d’accise, et qui rapporte plus de 1,800,000 livres sterling par an.

« En tout le traité sera incontestablement avantageux aux deux