Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

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qu’elle n’est contraire à aucun des traités qui lient la Grande-Bretagne aux autres puissances; je crois aussi qu'il faut montrer par une bonne contenance que nous avons le droit de la demander, et que l’Angleterre a aussi intérêt à la vouloir. Il faut parler à chacun son langage. C’est avec cent cinquante mille hommes que nous parlons aux puissances du Nord, c'est avec une escadre que je crois fermement quil convient de parler à l'Angleterre. On ne décide jamais les nations sans leur donner des retours sur ellesmêmes, sans les agiter sur leurs propres intérêts; et lorsque leur force repose sur le crédit que le moindre événement, que des apparences même peuvent ébranler, combien ce moyen ne peut-il pas être employé avec succès! Il faut donc que l'Angleterre, qui très certainement montre plus de tranquillité qu’elle n’en a, voie en nous des voisins qu'il lui est essentiel de ménager ; qu'elle sache bien que nous pouvons lui être et plus utiles et plus nuisibles que la Prusse, qui ne peut certainement lui assurer ni l'Inde ni l'Amérique; que notre nouvelle constitution, soit qu’elle lapprouve ou non, est la plus forte garantie de la sienne; que deux nations voisines, dont l’une fonde sa prospérité principalement sur le commerce et l’autre sur l'agriculture, sont appelées par la nature éternelle des choses à bien s'entendre, à s'enrichir lune par l’autre, etc.,ete.". Tout

! Le 12 octobre 1786, l'abbé de Périgord avait écrit à Mirabeau, sur le même sujet, la curieuse lettre inédite que voici : « Comme il va être question dans tous les pays de notre traité de