Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

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cherché à accréditer et qui pourraient finir par donner à des chimères l'importance de la réalité. On déjouera de lâches espérances, et en montrant cette neutralité en opposition avec tout ce que l'Angleterre pouvait trouver de prétextes soit dans ses préjugés de rivalité, soit dans les dispositions qu'a pu lui inspirer notre conduite envers les Américains, soit dans la lettre de quelques anciens traités, on fera pressentir fortement aux amis et aux ennemis de notre révolution une alliance par laquelle il faut que nous finissions un jour. C’est là, encore une fois, ce que je recueille de toutes parts ef ce qui se réalisera, je pense, en dépit de tous les petits obstacles tracassiers et de tous les en dessous possibles. Que faut-il pour cela? Le bien vouloir et bien montrer qu’on le veut : voilà tout. J'ai passé mon temps jusqu’à ce jour en observations; elles me conduisent toutes là. Mais, en l'absence d’un ministre plénipotentiaire, j'ai besoin que vous m'autorisiez positivement à faire une demande et que vous annonciez qu'on veut bien véritablement en France ce que je ne puis que désirer individuellement en Angleterre. Je vous ai mandé aussi dans ma dernière lettre qu'il serait bien que l'expression de notre vœu, du vœu du Roi et de toute négociation tendante à ce but fussent accompagnées du développement de forces navales. Je tiens toujours à cette idée, car Je crois fermement que c'est avec les instruments prisés par une nation qu'il faut se montrer lorsqu'on veut traiter avec elle de quelque manière que ce soit. Ne voyez pas en cela, 5