Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

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être bien. Je l'ai vu plusieurs fois à cette occasion, mais la loi a été plus forte que tout. Jai bien de la peine à croire que cette affaire soit absolument naturelle : il y a probablement là quelque instigateur en arrière. Il a fallu de l'esprit de parti et de la haine pour penser à donner de la force en Angleterre à des billets qui n'en avaient point en France. Il se trouve parmi les billets faux quelques billets vrais : ceux-là, je les paierai; ils sont en petit nombre, et je ne doute pas que vous ne lapprouviez : ils peuvent monter peutêtre à deux mille livres sterling : pour les billets faux, nous chercherons des cautions en attendant un procès, mais il sera dehors, ce qui est absolument nécessaire : je ne puis vous dire le mauvais effet que produit cette détestable aventure; il est possible qu'il soit dehors demain au soir, alors il partirait sur-le-champ pour Valenciennes.

Je reçois de France des nouvelles qui me font peine et que je ne puis entendre. Comment se fait-il que dans un moment aussi difficile et qui veut tant de réunion, le ministère ne marche pas ensemble et s’affaiblisse par ses propres divisions |?

1 « Veut-on, dit le Patriote français, juger le conseil du Roi par un fait? Lorsqu'on y agita la question de traiter avec l'Angleterre et de renoncer à la maison d'Autriche, quatre ministres votèrent pour l'Autriche, c’est-à-dire pour continuer Ja ruine de la France, et MM. Cahier de Gerville et Narbonne furent les seuls qui opinèrent pour se lier avec l'Angleterre et la Prusse.

« D'après cette anecdote, et en admettant que MM. Talleyrand et Ségur soient allés le premier à Londres et le second à Berlin, pour