Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.
XIV INTRODUCTION.
le plan d’une alliance systématique entre la France et l'Angleterre.
Les travaux considérables des historiens contemporains, de MM. de Sybel, Taine, Albert Sorel, démontrent que ce plan patriotique n'avait rien de chimérique. Ces travaux, appuyés sur des documents authentiques, ont mis à découvert les vues divergentes des puissances européennes et les dissonances de leur concert dans les années 1791 et 1792. Ils nous montrent la Prusse et la Russie plus préoccupées peut-être, à cette date de 1791-92, des affaires de Pologne que de celles de France’. L’Autriche elle-même, l’une des puissances copartageantes de la Turquie comme de la Pologne, était obligée de diviser son action. Elle ne pouvait se consacrer exclusivement à son rôle de chef de l'Empire; ses possessions belges, placées aux portes de la France, nous offraient une prise immédiate : il est reconnu que tout en préparant une ligue austro-prussienne, l’empereur Léopold inclinait plutôt vers la
1 Le 13 février 1792, notre ambassadeur à Vienne, M. de Noailles, écrivait au Département : « L'Impératrice de Russie cherche toujours à échauffer le Roi de Prusse pour les émigrés, maïs je crois fermement que le zèle de cette princesse pour leur cause n’est qu’un voile pour couvrir et pour servir de plus grandes vues. Elle brûle d’engager l'Empereur et le Roi de Prusse dans une guerre contre nous, parce qu’alors elle serait maîtresse d'agir en Pologne comme elle le voudrait et d’y reprendre son ancienne influence. Elle craint, si la Pologne devenait puissante, de redevenir elle-même une puissance asiatique. En effet, n'ayant plus de chemins ouverts pour le passage de ses troupes, elle perdrait alors son influence en Empire; il me paraît qu’on se méfie ici de ses conseils... »
« Si les girondins avaient voulu se concilier le Roi, ils auraient