Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

358 MISSION DE TALLEYRAND

Monsieur, un rapport aussi immédiat sans me féliciter qu’une heureuse circonstance m'’ait déjà mis à portée d'être connu de vous.

La rupture de la France avec la cour de Vienne, sa situation actuelle à l'égard de presque toutes les puissances de l’Europe, la nouvelle politique qu’elle a dû nécessairement embrasser, en se donnant une constitution libre, tout, jusqu’à l'incertitude du succès de la guerre que nous venons de déclarer, concourt aujourd’hui à accroître l'importance de tous nos rapports avec l'Angleterre; si elle n’est pas le seul point d’où l'on puisse observer d’une manière utile pour la France les divers efforts qu'on emploie dans toutes les cours de l’Europe pour lui susciter des ennemis et augmenter la ligue qui s’est formée contre elle, elle est au moins celui où l’on doit espérer avec le plus de raison de traverser ces projets ou de les combattre, et la neutralité de cette puissance dont nous avons obtenu la déclaration au milieu de fortes oppositions et malgré les pronostics contraires de tous les partis en France, assure aux négociations de la France dans ce pays, pendant tout le cours de la guerre, un degré de solidité sur

époque qui fera dire par Talleyrand à Sandoz-Rollin, ministre de Prusse à Paris : « Talleyrand m'a dit ce matin, 6 juillet 1799, qu'il y a dans tous les gouvernements et principalement dans celui-ci un ressort moteur qui le fait aller, quelle que soit la capacité de ceux qu'on y place; ce sont uniquement des noms propres qu'on change contre des noms propres. Le maintien des chefs de bureau compose le ministère et supplée à tout. » (Voir Paul Baizrev, Preussen und Frankreich von 1795 bis, 1807. Leipzig, 1881.)