Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

A LONDRES. 375

esprit et dans ces principes aurait pu s’en ressentir davantage. Il est certain que l'Angleterre ne peut voir avec indifférence l’ascendant que la cour de Vienne cherche à prendre depuis quelque temps sur les princes et États qui composent l'association germanique; mais c’est une suite inévitable des nouvelles liaisons de cette cour avec la Prusse. Tant que ces deux puissances sont restées désunies, elles ont tenu l'Empire partagé en deux ligues à peu près égales en forces, et les petits États lésés dans leurs droits et souveraineté, par l’une ou l’autre des puissances protectrices, étaient toujours certains de trouver dans la ligue contraire un appui efficace. Ainsi la rivalité de la Prusse et de l'Autriche avait été jusqu'à présent la garantie la plus sûre de l'indépendance et des libertés de l'Empire germanique. Mais aujourd’hui que cette rivalité a cédé à des passions et à des intérêts personnels, aujourd'hui que l'alliance entre ces deux puissances est cimentée, que leurs armées sont sur le point de se combiner et d'agir de concert, quelle barrière pourra-t-on leur opposer ? Quelle force dans l'Empire sera capable de les arrêter, si elles ont conçu des projets d’agrandissement et de partage? Déjà ces deux cours ont requis avec le ton le plus impérieux leurs co-États d'accéder à leur ligue contre nous, et aucun n’a osé résister ouvertement à leurs réquisitions. Ce prélude doit faire trembler pour les suites; c'en est fait de l'indépendance de lAllemagne si l'on ne prend de bonne heure des mesures sé-

rieuses pour la soutenir. La France malheureusement