Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

376 MISSION DE TALLEYRAND

ne peut rien, puisqu’elle-même doit défendre sa liberté et son indépendance attaquées; la Suède, épuisée au dedans et tenue en échec au dehors par la Russie, est dans la même impuissance’. De toutesles cours garantes du traité de Westphalie, il ne reste donc que l'Angleterre qui puisse interposer efficacement sa médiation et ses moyens pour arrêter ce torrent; et j'espère que le cabinet de Saint-James s’éclairera enfin sur les dangers qui menacent l'Allemagne et dont le contre-coup peut détruire l'équilibre politique de l'Europe.

Ce qui se passe en Pologne, en dévoilant les vues ambitieuses de la Russie, ne mérite pas moins l’attention du ministère britannique et devrait lui inspirer

beaucoup d’ombrage®. Voilà, Monsieur, deux textes

! Un traité d'alliance avait été signé entre la Suëde et la Russie, dans le courant de l’année 1791.

Les puissances contractantes s'y engageaient à communiquer ensemble, avec la plus grande confiance, sur tout ce qui pourrait compromettre la tranquillité intérieure et extérieure de leurs États.

? Cette question polonaise, Talleyrand aura pius d’une fois, dans sa carrière, l’occasion de la rencontrer: à Vienne en 1815, à Londres en 1830.

Le 28 septembre 1815, il écrira à lord Castlereagh une de ses plus belles lettres dont le lecteur nous saura gré de publier pour la première fois Le texte :

« Vienne, 28 septembre. « Micorp,

« Hier, en sortant de chez vous, j'ai cherché à réunir toutes mes idées sur la question polonaise qui agite Vienne aujourd'hui, Voici, à cetégard, ma manière de voir.

« Le royaume de Pologne ne peut être rétabli que sous les trois condilions suivantes :

« 1° Qu'il fût indépendant;

« 2° Qu'il eût une constitution forte;

« 3° Qu'il ne fallût pas compenser à l'Autriche et à la Prusse la