Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

A LONDRES. 383

pressant par une note dont nous aurons l’honneur de vous envoyer 1ne copie dans ma prochaine dépêche. C'est pour nous, Monsieur, une vraie satisfaction de penser qu’en cela nous avons rempli vos vues, autant du moins qu’il était en nous, car nous ne pensons pas, Monsieur, pouvoir à cet égard nous flatter sitôt d'un succès que la liberté de la presse et le progrès des lumières en Europe amèneront bien plus sûrement que toutes les négociations diplomatiques qui pourraient se faire à ce sujet dans un moment pareil à celui-ci.

Indépendamment de la lenteur méthodique du cabinet anglais, qui ne saurait lui permettre d'adopter une conception philosophique aussi grande et aussi généreuse sans l'avoir envisagée sous le point de vue de l'avantage national, vous avez observé vous-même, Monsieur, que les profits de la course sont l'un des plus puissants intérêts qui engagent la nation anglaise dans des querres maritimes, et vous ne devez conséquemment pas vous attendre que le ministère qui gouverne cette nation se porte légèrement à y renoncer.

Nous ajouterons, Monsieur, que jusqu’à ce que le système de l'Europe soit changé et que la France y ait pris la place que sa population, ses ressources et l’affermissement de ses libertés lui promettent, jusqu'à ce qu'enfin le projet si désiré d’une alliance entre elle et l'Angleterre soit réalisé, le peuple anglais verra toujours notre commerce maritime et celui de l'Espagne avec plus ou moins de jalousie, et que cette jalousie le portant naturellement à re pas scruter avec trop de sévé-