Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

392 MISSION DE TALLEYRAND

Lord Grenville parut parfaitement satisfait de ces explications et du prix que je mettais à lever toute obscurité sur les intentions de ma cour; en conséquence, dans la séance de la Chambre des pairs, du 31 mai, il déclara, en parlant des troubles que quelques étrangers pouvaient chercher à exciter en Angleterre, qu'il était en état d'assurer la Chambre que le gouvernement français désapprouvait hautement de telles manœuvres.

Vous comprendrez d’après cela, Monsieur, que nous n'avons pas dû être moins étonnés que le ministre de voir circuler dans les papiers publics cette lettre qui, par sa nature, devait rester secrète. Nous avions pensé d’abord que je pouvais demander à ce sujet des explications; mais en nous rappelant la publicité donnée à la lettre confidentielle de Sa Majesté au Roi de la

Courrier nalional dans son compte rendu des séances des 23 ct 24 juillet, que le cabinet britannique avait fomenté en partie les troubles qui affligeaient la capitale depuis quelque temps.

« Comme ma cour a infiniment à cœur de conserver la bonne harmonie qui subsiste entre les deux nations, et d'éloigner tout soupçon contraire, je vous prie, Monsieur, de donner connaissance de celte lettre, sans aucun délai, à M. le président de l’Assemblée nationale...

« Il importe infiniment que l'Assemblée nationale connaisse mes sentiments, qu’elle rende justice à ceux de ma nation et à la conduite franche qu’elle a toujours eue envers la France depuis que j'ai l'honneur d'en être l'organe. »

‘Le président priait M. de Montmorin de vouloir bien faire parvenir à M. le duc de Dorset ses remerciements de la communication que cet ambassadeur avait désiré faire à l’Assemblée nationale, qui ordonnait de la rendre publique dans tout le royaume, par la voie de l'impression.