Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

A LONDRES. 391

la recevant, crut sans doute que nous entendions qu'il fit la communication demandée, sans prendre à ce sujet les ordres du Roi, et, d’après cette idée, il m’écrivit en effet la lettre que vous avez lue dans la Gazette universelle et qui me parvint le 25 mai. La réponse que je lui fis le même jour, et que je vous envoie cijointe, Monsieur, dut lever tous ses scrupules, et, pour qu'il n’en restât aucune trace, je remis à ce ministre, lors de ma première conférence avec lui, une nouvelle copie de la note telle que nous l'avons envoyée à M. Dumouriez, et dans laquelle, au lieu de ces mots : le soussigné, ministre plénipotentiaire, prie lord Grenville de donner connaissance, etc., j'avais mis : le soussigné, ministre plénipotentiaire, prie lord Grenville d'obtenir de Sa Majesté la permission 4 donner connaissance.

Je lui fis observer en même temps, dans cette conférence, que, dans cette occasion, je n'avais fait que suivre exactement l'exemple du duc de Dorset, lorsqu'en 1789 il demanda au ministre des affaires étrangères de faire à l'Assemblée nationale des communications officielles relativement aux mauvais bruits qu’on répandait alors sur les dispositions de la Grande-Bretagne à l'égard de la France '.

? Talleyrand, qui avait été membre et président de l’Assemblée constituante, connaissait le précédent de la séance du 27 juillet 1789.

En effet, dans cette séance, M. de Montmorin avait communiqué à l’Assemblée constituante, sur la demande même du duc de Dorset, prédécesseur de Gower Sutherland à l'ambassade d'Angleterre à Paris, une lettre par laquelle le ministre de la Grande-Bretagne protestait, au nom de son gouvernement, contre l'accusation portée par le