Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

A LONDRES. 399

Si les circonstances actuelles d’une guerre, qui de la part de la France avait une apparence offensive, n’ont pas permis à l'Angleterre d'intervenir par ses conseils et ses bons offices, aujourd’hui que cette guerre devient purement défensive, on peut se flatter que la nécessité de conserver la balance de l'Europe, et de prévenir l'agrandissement de certaines puissances, pourra lui faire adopter un autre système; car nous ne saurions nous persuader encore qu'après tout l'éclat qu'a fait l'Angleterre pour quelques lieues de déserts sur la mer Noire, elle souffre avec tranquillité que des forces étrangères opèrent ou un démembrement de la France ou le rétablissement de cet ancien régime, qui seul a été la cause de toutes les querres qui ont si longtemps divisé les deux nations.

C’est donc plus que jamais de ce côté, Monsieur, que l'attention du ministre des affaires étrangères nous paraît devoir se porter, et tandis que la sagesse du Roi la portera dans l'intérieur à calmer, à dissiper toutes les défiances, à réunir en un faisceau toutes les autorités constituées, et à diriger toutes les forces nationales vers le grand but de la défense de PEmpire, nous pensons qu'on ne saurait s'appliquer avec trop de soin à prévenir au dehors tous les sujets de mécontentement que le zèle imprudent et mal dirigé de quelques particuliers peut avoir excités, car nous persistons à croire que si, au lieu de paraître approuver dans les pays étrangers les personnes qui allaient y semer des

germes de soulèvement et de révolte, on avait haute-