Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

36 MISSION DE TALLEYRAND

Si nous ne sommes qu'en opposition avec l'Empereur, nous pourrons encore nous en tirer; mais si la négociation n’a d'autre but que de lui donner le temps de prévenir une nouvelle révolution en Brabant et de nous environner de ses troupes, notre danger sera beaucoup plus grand.

Quant à l'Angleterre, M. Delessart ne sait apparemment pas tout le bien qu'il fait en vous déterminant à y aller, mais vous n'en aurez d'idée vous-même qu'après y être resté quelque temps. Ge n'est pas que vous n'ayez à y combattre de très fortes préventions, on y juge sévèrement le parti auquel on vous croit attaché, et par lequel vous y êtes malheureusement le plus connu. On ne croit pas là au patriotisme ni à la sûreté de M. de Lafayette et de ses amis; on sait qu'il a fait par ambition le contraire de ce qu'il avait fait par ambition, et qu'il compromettra sans balancer ei ses amis et la sûreté publique pour arriver à deux Chambres à quelque prix que ce soit sans se compromettre lui-même. Ses principes sont ceux de M. Pitt et du ministère anglais; mais l'opposition qui se renforce chaque jour, ne s’en défie pas plus que du ministère français. Je puis cependant vous répondre de quelques membres principaux de l’opposition qui, sur ma caution, vous donneront toute leur confiance; vous aurez bientôt celle de tout le monde, quand les premiers pas auront été bien faits, et quoiqu'il soit déjà tard, je ne doute pas que vous n'ayez d'importants succès si vous n'êtes pas {rahi d’une manière infâme. Je ne puis regretter cette