Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

48 MISSION DE TALLEYRAND

Milord Grenville est à la campagne, et ce n'est que demain que je verrai M. Püt, à qui je remettrai votre lettre. — Je regarde comme certain, et par ceux qui lui appartiennent et même par ceux qui ne tiennent point à lui, que cette première entrevue sera plus en observation qu’en ouverture. En tout il me paraît que les affaires vont un peu lentement dans ce pays. On ne s’y presse pas beaucoup pour soi, à plus forte raison pour les autres. El faut bien que notre pétulance francaise sache s’accommoder de cette manière. Ce n’est pas tout d’avoir raison; il faut encore bien prendre le leinps de ceux auprès de qui l'on veut en faire usage.

Du reste, Monsieur, tout ce que j'ai fait de réflexions en chemin, combinées avec celles que j'ai faites depuis que je suis ici, me confirme dans le système que je vous ai développé à Paris et au succès duquel j'espère que je pourrai servir. Déjà même peut-être ma présence tale; on assure qu'ils ont une mission particulière auprès du cabinet de Saint-James. On s’est empressé de faire meltre dans les gazetles anglaises que M. l’ancien évêque d'Autun avait vu M. Pitt, et qu'il en avait été fort mal reçu; mais, par malheur, M. de Talleyrand s'étant arrêté quelques jours en route, ce qu'on avait préparé pour le lendemain de son arrivée a paru la veille. Ce petit anachronisme donne un démenti formel à cette calomnie.

« Quoi qu’il en soit, M. Pitt a dû recevoir et a sûrement reçu avec les égards convenables M. de Talleyrand. Quant à l'alliance défensive que ce dernier était chargé, du moins selon le bruit publie, de négocier avec lui, quelque difficile qu'il paraisse d'y réussir, cerlaines nouvelles de l'Inde pourraient écarter bien des obstacles. »

On peut croire que cette note habile était communiquée par M. de Talleyrand lui-même. Dans sa longue carrière diplomatique, M. de

Talleyrand s'est parfois plaint de la presse, il s'en est servi plus souvent encore.