Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

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nir assurance d’une neutralité dansle mo ment actuel; montrer de toutes les manières possibles que l'Angleterre, par aucun de ses traités, ne doit se croire tenue à accorder des secours à nos ennemis; que le traité d'Utrecht ne peut être invoqué en sens contraire, par la raison que depuis longtems nous sommes attaqués et nullement agresseurs; que par là, aucun des articles de ce traité ne trouve ici l'application dont on voudrait nous faire peur, etc. Je ne sais, mais je pense fortement que ce sera une très bonne, peut-être même une assez grande chose que d'obtenir une déclaration positive dans ce sens. Un refus bien prononcé de reconnaître l'obligation de fournir des forces à ceux qui ont compté sur elles est nécessairement un pas vers nous, et par cela même une ouverture à alliance. Quant aux moyens de faire expliquer l'Angleterre, il y en a de simples et qui ne demandent que bon sens et franchise : il y en a de plus imposans dont je vous parlerai dans ma prochaine lettre : ensemble je les crois décisifs; mais surtout croyez fermement à la fausseté des bruits qui se répandent en France sur les dispositions de l’Angleterre à notre égard. Plus je vois, plus je me persuade que vous avez tout ce qu'il faut pour traiter avec elle d’une très bonne manière. On vous dira beaucoup le con-

1 Voici ce qu’écrivait le chargé d’affaires de France, M. Hirsinger, au département, le lendemain 1® février :

« On assure que des réductions dans l’armée et dans la marine vont avoir lieu incessamment. On ne conservera que sept gardes de

côtes, savoir trois à Portsmouth, trois à Plymouth et un à Chatam. L'armée éprouvera une réduction de cinq ou six régiments, et sera