Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

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notre première visite qui, comme vous le voyez, n’a été qu'une reconnaissance. J'ai vu ensuite milord Grenville, qui m'a parlé dans le même sens que M. Pitt. Il m'a dit avec des formes très obligeantes qu’il espérait que nous nous reverrions bientôt. Comme il n’est question jusqu’à présent que de pressentir les dispositions, j'observe ces petits détails qui, dans toute autre circonstance, paraîtraient bien minutieux. Joubliais que M. Pitt n'a demandé si je comptais rester quelque temps en Angleterre; je lui ai répondu que c'était mon intention.

Mon projet est de le voir souvent, mais plus par occasion que par rendez-vous. Je crois qu'il est bien de ne pas marquer de lempressement : c’est le moyen peut-être d'en inspirer; c’est montrer du moins qu’on n’a pas {rop besoin d’une réponse, et c’est se placer, je crois, dans la meilleure position pour arriver à un but lorsque vous aurez bien arrêté votre plan de campagne politique. Mon opinion est toujours que votre meilleur terrain est l'Angleterre. Dans nos circonstances, ce n’est même que là que je vois de la terre ferme.

Comme nous avons ici affaire à des hommes très méthodiques, il faudra de l'ordre dans notre marche. D'abord et avant tout, je pense qu’il faut tâcher d’obte-

durer plus de quinze jours ou trois semaines. J'ai fait beaucoup d'absences depuis six semaines. J'ai passé assez de temps à Reims chez l'archevêque. »

C’est en cette même année que Pitt était venu en France avec Elliott et Wilberforce.