Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

CORRESPONDANCE INÉDITE 281

J'ai renouvelé cette demande, et je crois que si quelque ami intelligent, [brave et ayant de l'argent] vient directement dans la ville où nous sommes, il réussira à communiquer avec nous, comme nous réussirons à gagner des officiers de garde. Il m'est évident qu'avecun pareil secours nous serions, [ou du moins que, depuis longtemps, moi je serais libre, ce qui avancerait fort la délivrance de mes compagnons et serait, de tous les moyens de sortir d'ici, le plus conforme à mon goût.

Je ne dirai rien ici de certains inconvénients de l'animadversion impériale; le meilleur préservatif est d'en avoir parlé’, et l'on sait déjà que nous ne serons surpris d'aucun accident. Mon intention est d'écrire par vous à MM. Pinkney, Jefferson et Short; à MM. Fox, Fitz-Patrick, à M®° d'Hénin, à Lally, à Romeuf et mes aides de camp. Si l’on m'en ôte la possibilité, je souhaite qu’on leur communique à tous non seulement cette note, mais tout ce que j'ai écrit depuis mon emprisonnement.] J'insiste sur ce vœu, d'abord PÉLGE que confiance dans les amis que j'ai cités est aussi entière et sans bornes que ma reconnaissance pour eux est vive et éternelle, et ensuite parce que je mets le plus grand prix à ce que aucune expression de leur part ne paraisse être un adoucissement [des principes ou de la conduite qui m'ont valu l'animadversion des puissances qui disposent de moi]. Il m'a semblé, par exemple, qu'une ou deux anecdotes des discours de nos amis anglais auraient pu être rectifiées par mes aides de camp, surtout par Romeuf, qui ne m'a pas quitté un instant.

(C’est aussi dans cette vue que Maubourg a voulu

1. Allusion aux soupçons d'empoisonnement dont il a été hanté pendant longtemps.