Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

CORRESPONDANCE INÉDITE 283

de ne pas m'épargner, puisque moins nous sommes nombreux, ceux qui suivent le parti, si décrié aujourd'hui dans toute l'Europe, du modérantisme, plus, ce me semble, nous sommes obligés d'aider où nous le pouvons les uns aux autres.

J'ai l'honneur d'être, avec le plus parfait attachement, Monsieur, votre très obéissant serviteur.

C.-J. Fox.

LETTRE XXINX.

La Fayette à Bollmann.

Olmütz, 17 octobre 1794.

Que ne puis-je, mon sensible et généreux ami, vous exprimer toute la reconnaissance dont mon cœur est pénétré! La nouvelle de votre passage" avait ranimé mon esprit; celle qui m'annonce votre retour”, en me rassurant sur le sort de ma famille et de plusieurs amis, m'a fait éprouver une joie bien vive. Ma femme et mes enfants se portent bien. M"° d'Hénin’, M. Pinkney, M. et M Church, La Colombe, Cadignan, Lally, sont en bonne santé, [et leur active amitié est sans cesse occupée de moi. En voilà déjà beaucoup en vérité pour mon cœur]; mais ce n'est pas

1. À Olmütz, annoncé le 4 octobre 1794, par le moyen d'un mot sur les marges d'un livre apporté dans le cachot par le médecin de la prison, Haberlein.

2. Après le premier avertissement, Bollmann repart pour Vienne, y achète, sous prétexte de préparer une excursion botanique et géologique, tout l’attirail d'une évasion de nuit, échelle, pies, cordes, etc. et, le 8 octobre, fait passer, par le même moyen du livre porté par Haberlein, une note annonçant son relour, avec une ligne écrite au citron et lisible seulement en la mettant devant le feu, lui faisant la proposition de l'évasion pour une nuit prochaine.

3. La Fayette accumule des noms à tournure américaine pour éblouir le naïf Haberlein, fervent admirateur de Washington.