Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

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encore assez. [Notre précieux ami‘ ne sera pas bon à demi; il vous portera quelques questions avec mes remerciements; mais je crains tellement de le compromettre, et même de le mécontenter, que je vous parlerai presque uniquement de nos amis et m'abstiendrai de toute politique. Lorsque vous aurez lu ce billet à loisir pour en retenir les détails, je vous conjure d’avoir la prudence de le mettre au feu?. J'en ai fait autant du vôtre, ainsi que vous l'aviez si sagement recommandé.] Ma famille est-elle toujours à Chavaniac? et doit-elle y rester jusqu'à ce que je sois hors des griffes coalitionnaires? J'ai dans le même lieu une tante dont vous avez peut-être entendu parler; où sont et comment se portent les fanilles de mes deux compagnons [La Tour-Maubourg et Pusy? M®% de***, nièce de M" du Chatelet, estelle encore à Paris et doit-elle enfin sortir de France]? La nièce et la femme de mon malheureux ami La Rochefoucauld sont-elles hors de prison? [M. Jefferson a-t-il reçu une lettre de moi? Avez-vous vu mes autres aides de camp? Narbonne” est-il en Angleterre? Je dois, à cette occasion, vous parler de ma santé.] Quoiqu'on nait ôté avec une singulière affectation quelques-uns des moyens de me tuer, je ne compte pas profiter de ceux qui me restent, et je défendrai ma propre constitution aussi constamment et vraisemblablement avec aussi peu de succès que

1. Outre la flatterie obligée pour le médecin, cette phrase énonce les conditions stipulées par lui pour sa complicité,

2. Ceci dit en apparence pour tranquilliser Haberlein, en réalité pour avertir qu'on a compris l'invitation de mettre devant le feu la ligne écrite au citron.

3. Après le 10 août 1792, Narbonne se tenait caché à Paris chez Mw de Staël ; Bollmann avait offert de le conduire en Angleterre, et réussi.

4. Pour rassurer le médecin sur l'usage possible du porte-plume d'argent ,