Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

302 CORRESPONDANCE DE LA l'AYETTE

Nous avons vu un article de gazette extrait du Courrier de Londres qui n'est pas fort bienveillant pour nous. On aura sûrement été tenté de répondre que depuis ce temps-là M. La Fayette s’est bien converti; mais ce n’est pas la réponse qui conviendrait le mieux à la vérité et à ses principes. Nous espérons que nos amis démocrates auront appris à MM. les ministres anglais que le principe de la souveraineté nationale s'accorde parfaitement avec le détrônement d’un roi arbitraire, l'arrestation d’un roi rebelle et la défense d’un roi constitutionnel, etque La Fayette partant à dix-neuf ans pour secourir les colons anglais contre l'Angleterre oppressive, cherchant à prouver à ses frais la possibilité et à représenter le devoir de l’affranchissement graduel des nègres, résistant au gouvernement arbitraire de France, et se déclarant républicain à la cour, proclamant la Déclaration des Droits le 11 juillet, renversant la Bastille et créant la garde nationale, détruisant à la fois le complot aristocratique et le complot orléaniste du 5 octobre, et ne reconnaissant plus, au 21 juin, le roi qui réclamait l'autorité usurpée de ses ancêtres, et défendant au 10 août le roi qui avait accepté l'autorité qu’il avait plu à la nation de lui déléguer et dont la violation entrainait celle de la souveraineté nationale, que La Fayette, dis-je, dans toutes ces circonstances, était absolument le même homme conduit par les mêmes principes, et tel qu'il est aujourd’hui, en faisant des

exprime avec une patriotique énergie la disposition de son mari à cet égard, où elle parle des gardes nationales qui périssent en défendant la constitution, et des autres martyrs des lois jurées, dont il s’honorera toujours, dit-il, d’être le représentant ». Cette note de Louis Romeuf, préparée pour son recueil des Lettres de prison, indique que sa collection était faite, quoique incomplèle encore, dès 1798. La lettre qu'il regrette de n'avoir plus a été publiée dans les Mémoires de 1838, t, LV, p. 287.