Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

CORRESPONDANCE INÉDITE 305

cette triste gloire convienne beaucoup moins aux sentiments de M. La Fayette que la satisfaction d’être réclamé par la République, dont il avoue franchement d’ailleurs que son cœur a besoin.

LETTRE XXXIV. M de Tessé à Louis Romeuf.

Wittmold, 10 thermidor an VI (25 juillet 1797).

Vous me tirez, Monsieur, d’une cruelle inquiétude. Aujourd’hui, 25 juillet, voilà la première fois que je reçois de vos nouvelles‘. J'ai donc enfin deux lettres de vous, l’une du 3, l’autre du 12 de juillet, arrivées en même temps. Vous m'en annoncez encore une par une occasion que j'attends bien impatiemment. Il est impossible de peindre le trouble où me jetait votre silence. Je vous croyais malade et arrêté quelque part. Nous avons beaucoup souffert, la charmante sœur et moi, mais quel baume jette sur nos plaies votre active, adorable amitié! Nous sommes si sûres que tout ce que le cœur le plus animé, le plus éclairé, peut inspirer, sera fait! Nous avons senti bien différemment, vous et moi, pendant que vous faisiez cette route. À peine avez-vous été parti, que des lettres de M. Masclet reprenaient toutes les espérances qu'il nous avait données et qui, Dieu soit loué, ne vous ont pas arrêté. Un autre que vous serait resté; mais vous deviez en effet partir. Les nouvelles que vous me donnez me rendent bien pressée d’en recevoir bientôt.

Voilà la première fois que je vous écris, parce que j'attendais de vous une adresse; mais je prends le

1. Depuis sa lettre du 14 juin 1797. 20